Martinique, Avril 2004

Auteur: Pat Doudou

Tout avait pourtant bien commencé.

Réveil matinal (7h30) mais joyeux, douche rapide mais tonifiante, valise grosse comme une dinde de Noël mais bouclée dans les temps et sans difficulté (même pas la peine de s'asseoir dessus pour la fermer) malgré mes 6 paires de chaussures, mes 2 sacs à main, mon sèche-cheveux (dont je ne me suis pas servie une seule fois !), la moitié de ma garde-robe, et l'indispensable du touriste en vadrouille: palmes, maques et tuba, crèmes solaires à gogo (ça chauffe dur en Martinique) et biafine, crème anti-moustique (mais aucun moustique à l'horizon pendant 10 jours), appareils photo (3 au total… on est jamais trop prudent) et le non moins fameux guide du routard censé rendre les touristes plus intelligents et plus performants.

8h30. Nous voilà partis avec nos grosses valises (à roulette tout de même) et nos sacs à dos (lourds comme des pastèques) pour un trajet St Cloud / Orly en transport en commun ! Début du trajet sans problème. On a réussi comme des grands à descendre jusqu'en bas de St Cloud.
Mais là, premier bug ! On a attendu la correspondance au mauvais endroit. La correspondance était pourtant indiquée mais en fait le bus s'arrêtait beaucoup plus bas. Il a donc fallu donc qu'on marche un peu pour atteindre le bon arrêt. Après un certain temps, si ce n'est un temps certain, notre bus est enfin arrivé.

Et là, l'aventure a commencé quand un homme assis devant nous, apparemment sain de corps et d'esprit (peut-être pas tant que ça) s'est retourné soudainement vers nous et nous a demandé sèchement et sans raison "vous avez un problème ?". Stupéfaction et incompréhension dans les rangs. Mon chéri a répondu ... avec calme et sang froid (il est fort quand même !!): "non. et vous, vous avez un problème ?". Le type a pas dû imprimer car il nous a reposé la question, genre tu appuis sur "repeat" et tu te la fais en double pour le même prix ! Finalement, il a lâché l'affaire aussi vite qu'il l'avait commencé et il est descendu du bus sans mot dire. Ah ... les transports en commun: c'est l'aventure au bout de votre porte :-)

Nous avons continué notre petit bonhomme de chemin ... mais un peu trop longtemps car nous avons raté notre arrêt ! Pas (encore) de panique dans les rangs: nous sommes descendus à l'arrêt suivant pour revenir sur nos pas ... à pied et toujours avec nos grosses valises et nos sacs. Ravitaillement des troupes en passant devant un boulanger car nous étions à jeun !

Arrivés audit arrêt, big chef Hervé se rend compte que la correspondance ne va pas là où on veut aller ! On était devant l'église d'Auteuil (bref à l'entrée de Paris) et on était déjà parti depuis 1h15 de chez moi... L'angoisse (et le ras-le-bol) est montée d'un coup car notre avion décollait à 12h40 et on avait pas effectué le ¼ du trajet. Big chef Hervé a donc décidé de prendre les grands moyens et d'appeler un taxi .. que j'ai finalement hélé à la parisienne et avec grâce (on ne rit pas !) quand l'un d'eux est passé devant moi. Soulagement dans les rangs (enfin surtout du côté de mes pieds!). Les grosses valises casées dans le coffre et nous voilà partis pour Orly.

A Orly, enregistrement des bagages et pesée de ma valise ... donc grosse angoisse (même si on avait déjà pesé tant bien que mal nos valises sur mon pèse personne). Soulagement intérieur non dissimulé car c'est passé mais de justesse; ma valise pesait 24,500kg (la limite étant 25kg).
Après l'errance habituelle de tout voyageur aérien dans un aéroport, nous avons passé les douanes pour embarquer et là ... j'ai failli me retrouver en chaussons dans l'aéroport !! Je sonnais au détecteur de métaux. Après une fouille en règle, ils m'ont demandé d'enlever mes chaussures ... et m'ont proposé des chaussons pour passer sous le portillon !! MDR. Mais Pat ne met pas les chaussons de n'importe qui... donc je suis passée pied nus sous le détecteur.

Décollage à 12h40. Assis dans le nez de l'avion (rang 3). Tout petit à cet endroit. Et vous ne devinerez jamais avec qui j'ai voyagé ??!! Patrick himself... En fait, j'ai voyagé pendant 2h avec Patoche car le film diffusé était "une vie à t'attendre". Patoche, plus gros que gros car j'étais au 3ème rang, et flou de surcroît car l'écran n'était pas de bonne qualité.

Après 8h d'avion, un repas, un goûter ... et un bonbon, arrivée à Fort de France. Après avoir récupéré nos valises, direction Sainte Anne (sud de l'île pour les non initiées) via un vrai taxi (vous comprendrez plus tard l'utilité du "vrai"), fenêtres grandes-ouvertes car il faisait chaud et qu'on était encore habillé à la parisienne (avec pantalons et manches longues). Pour le reste, pas de dépaysement routier immédiat car on est tombé dans les bouchons de Fort-de-France (grands classiques du genre qu'on a affronté plusieurs fois pendant notre séjour).









A peine arrivés à notre hôtel (http://www.anse-caritan.com), nous sommes descendus nous "chauffer" les pieds dans la mer des Caraïbes (accès direct depuis notre hôtel). Après 10 ans de Manche à 12/14 degré en moyenne, la mer des Caraïbes ressemble plus à mon bain qu'à mes baignades en Bretagne. On n'a pas résisté ensuite à sauter (enfin pour moi à me glisser) dans la piscine de l'hôtel avant un petit cocktail (euh… sans alcool pour moi) au bar.

Notre première journée a été consacrée … aux animaux ! Et pour certains, je m'en serai bien passée :-( J'étais dans la salle de bain (sortant de la douche donc toute nue) quand j'ai croisé le regard - enfin plutôt le chemin - d'une bestiole non identifiée, énorme, plate et toute noire, … qui m'a fait sortir de la salle de bain en moins de deux. Si PB ou mon Cricri avait sonné à la porte de ma chambre, je ne serai pas sortie pas plus vite!! Heureusement que super doudou était là pour me sauver !!! Au bout de la troisième bestiole du même type en trois jours dont une "rencontre" mémorable sous la douche (on se serait cru dans une scène de Scream !), j'ai acheté une bombe anti-blattes et anti-cafards. Les bestioles ont dû avoir peur de moi ou de la bombe que j'ai mise en évidence dans la pièce (on sait jamais elles savent peut-être lire !) car j'en ai plus jamais revu.

Tout cela ne m'ayant pas coupé l'appétit, direction le restaurant de l'hôtel pour le petit déjeuner. Et là étrange spectacle ! On se serait cru dans un remake des "oiseaux" d'Hitchcock car la salle de repas étant ouverte sur les côtés (seulement "protégée" par des filets), des oiseaux noirs volaient …et volaient ! Ce matin-là, je venais à peine de poser mon plateau sur une table et de tourner le dos pour aller vers le buffet (qui se trouvait à 2m) qu'un oiseau est venu picorer dans mon assiette et s'est envolé avec une portion non négligeable de mes oeufs brouillés. Vade retro satanas !!! Depuis de jour-là, tous les matins, j'étais en guerre (comme tous les autres vacanciers) contre les oiseaux voleurs.



Histoire de faire une petite pause dans notre découverte du monde animal local, direction le centre de St Anne pour partir en quête d'un "taxi collectif". Spécialité routière de l'Ile, les TC sont des monospaces (pour 5/6 personnes) qui s'arrêtent - en principe - à des endroits précis (identifiables grâce à des abris-taxis en bois). Pour les arrêts non identifiables… bonjour l'aventure et merci le guide du routard !! L'inconvénient majeur de ce mode de locomotion étant le flou logistique qui les entoure !!! Car les TC passent plus ou moins toutes les heures, arrêtent leur service plus ou moins quand ils en ont envie (si match de foot important à la télé ou autre événement du genre, pas la peine de compter sur eux). Et le soir, c'est souvent la galère car on sait pas trop à quelle heure passe ou est passé le dernier (ce qui nous est arrivé: on a attendu un TC pendant 3/4h sans succès). Bref pratique et pas cher mais faut être ni pressé ni pointilleux sur les horaires !

Après notre baptême de TC, retour (volontaire) à la découverte du monde animalier avec un voyage sur et sous l'eau à bord de l'Aquabulle et première baignade dans la mer des Caraïbes depuis le bateau. Ma première expérience du genre, moi qui ne me baigne que là où j'ai pied. Un jour à marquer d'une pierre blanche ! Et premier ti-punch de notre séjour (enfin pour Hervé… moi je suis restée sobre !) à bord du bateau.

En attendant notre taxi collectif qui n'est jamais arrivé, fin de nos aventures animalières du jour avec une scène étonnante: une chienne a sauté dans une poubelle (les grosses poubelles vertes collectives) et y est restée au moins 10 mn. Moi, pas rancunière envers le monde animal malgré mes rencontres fortuites avec des choses volantes et rampantes, je traverse la rue pour venir en aide à la pauv' tite bête. A peine à 1m de la poubelle, la chienne est soudainement ressortie de la poubelle … aussi facilement qu'elle y était entrée… me faisant au passage sursauter comme une puce (ce qui, vu l'état de maigreur et de saleté du chien était tout à fait dans le ton !).

Le jour de notre départ, nous avons repris contact avec le monde animalier puisque nous avons fait une randonnée de 3h à cheval. Et forcément je suis tombée (encore) sur le moins rapide. Enfin … rapide quand il fallait pas (je voulais pas faire de galop avec les autres mais elle si !) et lente quand il fallait pas (à la traîne quand les autres partaient au trot que je voulais faire). Bref on était pas synchro elle et moi. Heureusement que les chevaux étaient conditionnés et qu'ils connaissaient le trajet, ça m'a quand même facilité la tâche. Je crois aussi qu'elle m'en voulait car elle passait systématiquement dans les endroits les plus tordus et j'ai failli plus d'une fois me prendre une branche dans le visage. J'étais déjà pas très rassurée à la base donc bonjour "l'angoisse" pendant la randonnée, surtout quand Mlle Olympe décidait de passer au galop avec les autres malgré mes protestations. Bref elle et moi ce ne fut pas le grand amour, même si on a fini par poser ensemble pour la photo !

Pour en finir avec le chapitre "animal", j'ai attrapé des poux dès mon arrivée à la Martinique ! Ce qui m'a valu une petite expédition dominicale et sous la pluie à la recherche d'une pharmacie de garde. Moi qui n'ai jamais eu de pou de ma vie ! Mon premier voyage romantique au soleil et j'attrape des poux. Charmant :-(

Une de nos grandes journées dans l'Ile a été une virée (organisée) en 4x4 dans le nord de l'Ile vers la montagne pelée et la forêt tropicale, le plus souvent en empruntant des chemins immergés (on se serait cru dans le camel trophée !) ou bien cabossés (bonjour les amortisseurs ... et mon dos !) histoire de jouer les aventuriers amateurs. Nous manquait que le chapeau d'Indiana Jones pour faire illusion !
On a fait une étape dans une bananeraie: je suis désormais incollable sur la culture des bananes. J'ai d'ailleurs fait une cure de bananes au rhum pendant notre séjour ! Etape également chez un éleveur de coqs de combat: saviez-vous que les coqs peuvent faire des pompes ?! Etonnant. Pause ensuite dans la forêt tropicale: votre Pat, urbaine dans l'âme, a joué à Tarzan - enfin plutôt à Jane - en s'élançant dans le vide suspendue à une liane avec ses seules petites mains ! Pour les sceptiques, j'ai les photos ! Ensuite baignade dans - ou plutôt sous - une cascade: d'autant plus rafraîchissant qu'on s'est pris une méchante averse en sortant de la cascade. Vous me direz, mouillé pour mouillé... ça change pas grand chose ! D'ailleurs ici quand il pleut, les plageurs (qui bronzent sur une plage quoi !!) se baignent quand il pleut plutôt que de s'abriter sous un arbre ou dans leur voiture. Faut dire que les averses sont (souvent) très courtes et que le soleil revient très vite. Pause ensuite dans un champ de canne à sucre: nous avons dégusté sur place de la canne coupée devant nous (très sucré ce truc). Bref excursion dépaysante et très sympa que je vous conseille si un jour vous allez en Martinique (le guide à lui seul vaut le détour :- ). Mais un conseil, évitez les maillots de bain (pas top pour les routes cabossées …si vous voyez ce que je veux dire).



Autre journée sympa: une virée à Sainte Luce (une île anglaise voisine de la Martinique) via un gros catamaran. 4h de mer (aller-retour), des vagues de plus de 2m et une vitesse de pointe à 21,86 nœuds (pour les initiées aux joies de la navigation !!). Mon doudou n'était pas son aise sur le bateau :-(. Moi pied marin total et même pas peur des grosses vagues !
Le bateau nous "débarquait" dans des baies paradisiaques et nous plongions du bateau (enfin moi je prenais les escaliers pour une immersion contrôlée et progressive) et nous nous baignons autour du bateau (pour les plus experts) ou gagnons la plage de sable fin.

Côté plage, nous avons dégoté une plage de sable fin déserte (à chaque fois que nous y sommes allés) sur une petite île (les îles cap chevalier) accessible seulement par bateau (à peine 2mn de traversée) que nous atteignons grâce à un "passeur" local appelé "le capitaine". Merci le guide du routard. Eau transparente et turquoise. Seuls sur la plage pendant des heures parfois même une journée entière sans voir personne. Très sympa sauf … une fois :-( Le capitaine remplaçant a oublié de venir nous rechercher … !!! il n'y avait rien sur l'îlet à part des poules et des coqs (encore des animaux), une bestiole qui ressemblait à un rat allongé ! Bref l'espace d'un instant j'ai cru que j'allai faire un remake de Robinson Crusoé ou tourner un épisode de Koh-Lanta ! Finalement on a réussi à regagner la terre en appelant le resto situé en face de l'embarcadère. Heureusement qu'il était encore ouvert ! Et heureusement qu'il y avait encore des pêcheurs dans le coin !! Et là je crie : vvvvivvvvvveee les portables :-)

Pour le reste, nous avons vécu quelques situations cocasses. Alors que je bronzais autour de la piscine non loin d'un cocotier, deux gamins n'ont rien trouvé de mieux que d'entamer un secouage en règle dudit cocotier. Et ils sont venus me demander - poliment et avec un brin d'humour - si j'étais bien assurée !! Petits chenapans … Et devant mon air ahuri et interloqué, ils sont finalement allés secouer un autre cocotier plus isolé.

Autre situation comique: mon doudou et moi avons fêté notre anniversaire de rencontres (chabadabada chabadabada …) dans un restaurant de Ste Anne. Repas arrosé au punch coco s'il vous plaît ! J'étais en robe rose sexy et petites mules noires à talon (très parisien tout ça mais bon …fallait marquer le coup !) sans veste évidemment et sans parapluie re-évidemment. Seulement voilà, notre hôtel n'était pas tout près (environ 1km à pied et une montée assez rude) et il s'est mis à pleuvoir sur notre trajet de retour ! Je vous laisse imaginer la scène! Digne de la Ferme Célébrités, dans le genre complètement décalé. Mais … oh bénédiction… une bonne âme martiniquaise qui passait par là a eu pitié de l'urbaine que je suis (en plus je boitais à cause de ma cheville) et s'est proposée de nous déposer à notre hôtel en voiture. Alléluia !!

Dans le genre drame pathétique, j'ai perdu mes lunettes solaires correctrices dans la mer des Caraïbes sur la célèbre plage des Salines. Oui je sais, on n'a pas idée de se baigner avec des lunettes mais le soleil est violent en Martinique et je souffrais sans lunettes; j'ai d'ailleurs du racheter une paire de lunettes - mais non correctrice - chez Promod (et oui il y a Promod à la Martinique). Je les ai perdues une première fois dans l'eau mais super doudou les a retrouvées. Finalement, la seconde fut la bonne (ou plutôt la mauvaise). Une vague les a emportées ! Adieu mes lunettes.. 10 ans de vie commune, c'est pas rien :-(

Pour notre retour, on a frôlé la surcharge pondérale de tous les côtés: moi avec 1 kilo et demi de plus, ma valise (28 kg) et le sac à dos d'Hervé (mais pas le mien … si je vous assure). On s'en est sorti de justesse en répartissant les charges dans nos deux sacs et en prenant des bouteilles d'eau sous le bras. C'était moins une … la personne devant nous n'a pas eu notre chance et a dû payer une taxe pour surcharge.

L'avion s'est fait attendre. Retour pénible même si moins long qu'à l'aller (7h au lieu de 8h), de nuit (donc moins d'animation car tout le monde dort … sauf les insomniaques dont je fais partie) et un dos "massacré" par la randonnée à cheval. Retour sans PB mais avec Dustin Hoffman et un commandant de bord complètement déjanté qui s'est présenté sous le nom de Luc Skywalker (héros de Star Wars pour les non initiés), qui nous a annoncé le passage de Satanas et Diabalo sur la gauche de l'appareil, qui a fait des plaisanteries pendant la présentation des consignes de sécurité (les hôtesses étaient MDR) … et j'en passe.

PS: Pour le Club des cinq, comme promis je vous ai apporté le soleil de Martinique… au moins pour quelques heures car il a fait un temps superbe sur Paris le lundi de mon retour. Pour les plages de sable fin, l'eau turquoise transparente à 29°, le soleil, les cocotiers et …. chabadabada… j'peux pas faire grand'chose pour vous à part vous souhaiter de faire un aussi beau voyage que moi :-)

Doudou PAT